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Covid 19 : Augmentation Des Violences Conjugales

Covid 19 : augmentation des violences conjugales

Dans les années 2000, on estimait que presque 2 millions de femmes en France étaient victimes de violence conjugale. De nos jours, les statistiques indiquent que le chiffre a considérablement baissé.

En effet, en 2019, on ne comptait que 219 000 victimes en une année. Toutefois, au niveau des féminicides, les estimations font véritablement froid dans le dos.

En 2018, on évaluait qu’une femme décédait sous les coups de son mari tous les 2,8 jours environ. Un constat qui n’est pas des plus réjouissant. Néanmoins, ces chiffres ne sont, en réalité, pas corrects. Avec près de 45% des victimes qui ne font jamais appel à l’aide, il est évident que nous ne connaissons qu’une partie de l’horrible réalité de la violence conjugale en France.

Aussi, avec la crise actuelle de Covid-19, les premières inquiétudes de la population se sont d’ailleurs tournées vers les femmes victimes de violence conjugale. En ces temps de confinement obligatoire, elles seraient encore plus en danger qu’à l’ordinaire. Mais qu’en est-il vraiment de la violence conjugale pendant le confinement ? Et quelles sont les solutions mises en place ?

Le confinement, facteur aggravant de la violence conjugale ?

Le confinement obligatoire a été mis en place en France le 17 mars dernier, obligeant tous les citoyens ne travaillant pas dans les secteurs essentiels à rester chez eux en tout temps.

La création d’un système d’attestation et des mesures particulières ont accompagné cette décision à l’échelle nationale. Et ce, dans le but de stopper la propagation du Covid-19.

Néanmoins, la réalité de cet “ enfermement ” ne présente pas les mêmes enjeux pour tous. Alors que certains participent activement à la course aux masques et visières de protection, comme on peut en trouver sur le site gravoplaque.fr, d’autres vivent un danger constant… dans leur propre domicile.

Depuis le début du confinement, les services de police et de gendarmerie français ont constaté une augmentation de plus de 30 % des signalements concernant la violence conjugale.

À Paris, on estime une hausse de plus de 36 % des plaintes liées aux violences au sein d’un couple. À l’échelle mondiale, l’ONU a malheureusement fait les mêmes constats alarmants.

La violence conjugale partout sur le globe est en hausse depuis le début du confinement. Les lignes d’assistance téléphonique du monde entier sont débordées par les appels liés à la violence domestique. La direction des Nations Unies a donc demandé à tous les États d’agir en urgence pour protéger les femmes enfermées avec un compagnon violent. Si certains se disaient préparés, comme la France, d’autres, comme la Malaisie ou la Chine, semblent un peu dépassés par cette hausse massive et soudaine.

Nouveaux cas ou augmentation des plaintes ?

La crise actuelle de coronavirus touche la majorité des pays du monde, et le confinement, obligatoire ou non, a été mis en place un peu partout à travers le globe. Comme nous l’avons vu, le nombre de plaintes concernant la violence conjugale augmente depuis que les populations sont tenues de rester chez elles. Une dizaine de jours après le début du confinement, Élisabeth Liotard, la porte-parole d’une association lyonnaise, Viffil-SOS Femmes, déclarait d’ailleurs que cette terrible augmentation était malheureusement prévisible. « Les hommes violents vont trouver dans cette cohabitation ininterrompue encore plus de prétextes pour se déchaîner et les cycles de la violence vont probablement s’accentuer. Les enfants et les femmes vont vivre dans un climat de pression permanente ».

Cependant, il ne faut pas nécessairement interpréter ces chiffres comme une augmentation du nombre de cas. La hausse remarquée par les autorités concerne, en effet, le volume d’appels et de plaintes. Il se peut qu’il s’agisse donc en réalité d’une augmentation du nombre de victimes qui appellent à l’aide. Et ce justement parce que la situation de confinement aggrave ce qu’elles subissent au quotidien. Les mots de la porte-parole de Viffil-SOS Femmes sont d’ailleurs très clairs sur le sujet. Les hommes violents ont sûrement trouvé dans ce confinement de nouveaux prétextes à leur violence. Mais cela ne signifie pas que l’enfermement va provoquer un élan de violence chez des hommes qui ne le sont pas à la base.

Dans leur « Traité des violences criminelles », quatre criminologues expliquent justement que, si elle n’est en rien justifiable, la violence conjugale est causée par de multiples facteurs. Elle n’est donc, presque jamais, soudaine ou inédite. Il y a donc très peu de chances que cette hausse actuelle soit une véritable hausse du nombre de cas. Elle est, très certainement, une augmentation du nombre de victimes qui osent enfin appeler à l’aide.

Comment lutter contre les violences conjugales ?

Pour lutter contre ce phénomène de hausse des violences conjugales en France, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé que de nombreuses mesures seraient mises en place. Leur but sera justement de protéger les femmes victimes de violence. Mais aussi de pouvoir les accompagner dans leur démarche pour quitter leur domicile. La première des décisions prises par le gouvernement a été la création d’un dispositif d’alerte en pharmacie. Les victimes de violence peuvent donc désormais se rendre dans une officine proche de chez elles, et bénéficier d’une protection immédiate de la police ou de la gendarmerie. Il leur suffira de dire à leur pharmacien « Masque 19 » pour qu’il alerte les services d’urgence.

De la même manière, de nombreuses solutions éphémères ont été adoptées pour faciliter l’accès aux services d’urgence pour les victimes. Un numéro a d’ailleurs été créé, le 114, pour qu’un simple SMS suffise à alerter les secours. En effet, il est évidemment complexe d’appeler un service d’urgence lorsque l’agresseur est toujours au domicile. Sur les plateformes de télétravail, un signal gestuel a aussi été inventé. Et cela dans le but de permettre aux victimes d’alerter leurs collègues ou employés, en cas de violence conjugale.

Enfin, certaines associations, comme Solidarité Femmes, se préparent déjà aux enjeux d’après confinement. Cette association qui gère notamment le numéro d’urgence 3919 a lancé un appel aux dons. Celui-ci permettra de venir en aide aux victimes à la fin de cette période des plus difficiles. Face à cette hausse terrible des appels à l’aide, de nombreuses solutions se mettent donc en place. Mais il est évident que dans une situation où chacun s’inquiète pour ses proches, les personnes qui subissent de la violence conjugale sont de véritables victimes collatérales du Covid-19.

Sources :